L'arthrose cervicale, également connue sous le nom de cervicarthrose, est une condition dégénérative fréquente affectant les vertèbres et les disques intervertébraux du cou. Son diagnostic précis est crucial pour une prise en charge adaptée et un soulagement optimal des symptômes. Cette pathologie, touchant principalement les personnes de plus de 50 ans, peut avoir un impact significatif sur la qualité de vie. Un diagnostic efficace repose sur une combinaison d'observations cliniques, d'examens d'imagerie et de tests fonctionnels. Comprendre les différentes étapes et méthodes de diagnostic permet aux patients et aux professionnels de santé d'aborder cette condition de manière plus éclairée et proactive.

Symptômes cliniques de l'arthrose cervicale

Les manifestations cliniques de l'arthrose cervicale sont variées et peuvent évoluer progressivement. La douleur est souvent le premier signe alertant les patients. Elle peut se localiser dans la nuque, irradier vers les épaules ou même descendre dans les bras. Cette douleur, généralement décrite comme sourde et persistante , peut s'intensifier avec certains mouvements ou positions du cou.

La raideur cervicale est un autre symptôme caractéristique. Les patients rapportent fréquemment une difficulté à tourner complètement la tête ou à la pencher en arrière. Cette limitation de la mobilité peut être particulièrement prononcée le matin au réveil ou après une période d'immobilité prolongée.

Des craquements ou des claquements lors des mouvements du cou, appelés crépitations, sont également couramment observés. Bien que pas toujours douloureux, ces bruits peuvent être inquiétants pour les patients et constituent un indice important pour le diagnostic.

Dans certains cas, l'arthrose cervicale peut entraîner une compression des racines nerveuses, provoquant des symptômes neurologiques. Ceux-ci peuvent inclure des fourmillements, des engourdissements ou une faiblesse dans les bras ou les mains. Ces manifestations, regroupées sous le terme de radiculopathie cervicale , nécessitent une attention particulière lors du diagnostic.

La présence de maux de tête, particulièrement à la base du crâne, est un symptôme souvent négligé mais fréquent dans l'arthrose cervicale. Ces céphalées peuvent être liées à la tension musculaire ou à l'irritation des nerfs cervicaux.

Il est important de noter que l'intensité des symptômes ne corrèle pas toujours avec la sévérité des changements dégénératifs visibles à l'imagerie. Certains patients peuvent présenter des signes radiologiques avancés d'arthrose cervicale sans symptômes significatifs, tandis que d'autres peuvent souffrir de douleurs intenses avec des modifications articulaires minimes.

Examens radiologiques pour le diagnostic

Les examens d'imagerie jouent un rôle crucial dans le diagnostic de l'arthrose cervicale. Ils permettent non seulement de confirmer la présence de changements dégénératifs, mais aussi d'évaluer leur étendue et de guider les décisions thérapeutiques. Différentes modalités d'imagerie sont disponibles, chacune offrant des informations spécifiques et complémentaires.

Radiographie standard des cervicales

La radiographie standard reste l'examen de première intention dans l'évaluation de l'arthrose cervicale. Elle fournit une vue d'ensemble de la structure osseuse et permet de visualiser les modifications caractéristiques de l'arthrose. Les signes radiologiques typiques incluent :

  • Le pincement de l'espace intervertébral, indiquant une dégénérescence discale
  • La formation d'ostéophytes (excroissances osseuses) aux bords des vertèbres
  • La sclérose des plateaux vertébraux
  • Les modifications des articulations interapophysaires postérieures

Les clichés sont généralement réalisés de face, de profil et en incidence oblique pour une évaluation complète. La radiographie dynamique, effectuée en flexion et en extension, peut révéler des instabilités vertébrales associées à l'arthrose.

IRM cervicale haute résolution

L'Imagerie par Résonance Magnétique (IRM) offre une visualisation détaillée des tissus mous, y compris les disques intervertébraux, les ligaments et la moelle épinière. Cette modalité est particulièrement utile pour évaluer :

  • La dégénérescence discale et les hernies discales
  • La compression des racines nerveuses ou de la moelle épinière
  • Les modifications de signal dans la moelle épinière, indicatives d'une myélopathie
  • L'état des articulations interapophysaires postérieures

L'IRM est souvent réalisée lorsqu'une atteinte neurologique est suspectée ou lorsque les symptômes persistent malgré un traitement conservateur. Elle permet une évaluation plus précise de l'étendue de la compression nerveuse et guide les décisions concernant une éventuelle intervention chirurgicale.

Scanner cervical multibarrette

Le scanner, ou tomodensitométrie, offre une excellente visualisation des structures osseuses. Il est particulièrement utile pour évaluer :

  • La morphologie précise des ostéophytes
  • Les calcifications ligamentaires
  • Les foramens intervertébraux et leur éventuel rétrécissement
  • La présence de fragments osseux libres dans le canal rachidien

Le scanner est souvent préféré pour la planification préopératoire, car il fournit des informations détaillées sur l'anatomie osseuse. Il peut également être utile chez les patients ne pouvant pas bénéficier d'une IRM (par exemple, en raison de la présence d'implants métalliques).

Échographie cervicale doppler

Bien que moins couramment utilisée dans le diagnostic de l'arthrose cervicale, l'échographie peut apporter des informations complémentaires. Elle permet d'évaluer :

  • L'état des tissus mous périarticulaires
  • La présence d'épanchements articulaires
  • La vascularisation locale grâce au Doppler

L'échographie est particulièrement utile pour guider les injections thérapeutiques et peut aider à différencier certaines causes de douleur cervicale.

L'utilisation combinée de ces différentes modalités d'imagerie permet une évaluation complète et précise de l'arthrose cervicale, guidant ainsi la prise en charge thérapeutique de manière optimale.

Tests neurologiques complémentaires

Dans le cadre du diagnostic de l'arthrose cervicale, les tests neurologiques complémentaires jouent un rôle crucial, en particulier lorsque des symptômes neurologiques sont présents ou suspectés. Ces examens permettent d'évaluer l'intégrité des nerfs et de la moelle épinière, ainsi que de quantifier l'impact fonctionnel de la pathologie.

Électromyographie des membres supérieurs

L'électromyographie (EMG) est un examen neurophysiologique qui évalue la fonction des nerfs et des muscles. Dans le contexte de l'arthrose cervicale, elle est particulièrement utile pour :

  • Détecter une compression radiculaire
  • Évaluer la sévérité de l'atteinte nerveuse
  • Différencier une radiculopathie cervicale d'autres neuropathies périphériques

L'EMG combine généralement deux types de tests : l'étude de la conduction nerveuse et l'examen à l'aiguille des muscles. La conduction nerveuse mesure la vitesse et l'amplitude des signaux électriques le long des nerfs, tandis que l'examen à l'aiguille évalue l'activité électrique des muscles au repos et lors de contractions volontaires.

Les résultats de l'EMG peuvent révéler des signes de dénervation musculaire, indicatifs d'une compression nerveuse chronique. Ces informations sont précieuses pour guider les décisions thérapeutiques, notamment concernant la nécessité d'une intervention chirurgicale.

Potentiels évoqués somesthésiques

Les potentiels évoqués somesthésiques (PES) sont des tests neurophysiologiques qui évaluent la transmission des signaux sensoriels le long de la moelle épinière jusqu'au cerveau. Dans le contexte de l'arthrose cervicale, les PES sont utiles pour :

  • Détecter une compression de la moelle épinière (myélopathie cervicale)
  • Évaluer la fonction des voies sensorielles ascendantes
  • Fournir des informations pronostiques en cas de myélopathie

L'examen consiste à stimuler électriquement un nerf périphérique (généralement au poignet) et à enregistrer les réponses électriques à différents niveaux le long du trajet nerveux, jusqu'au cortex cérébral. Un retard ou une altération de ces réponses peut indiquer une compression médullaire, même en l'absence de symptômes cliniques évidents.

Test de spurling pour compression radiculaire

Le test de Spurling est un examen clinique simple mais efficace pour évaluer la présence d'une compression radiculaire cervicale. Il est réalisé comme suit :

  1. Le patient incline la tête du côté symptomatique
  2. Le clinicien applique une pression axiale sur le sommet du crâne
  3. Une exacerbation de la douleur radiculaire ou l'apparition de paresthésies dans le bras est considérée comme un résultat positif

Ce test a une bonne spécificité pour la détection d'une compression radiculaire, bien que sa sensibilité soit modérée. Il est souvent utilisé en combinaison avec d'autres tests cliniques et examens d'imagerie pour confirmer le diagnostic.

L'interprétation des tests neurologiques doit toujours être faite en corrélation avec les symptômes cliniques et les résultats d'imagerie pour une évaluation globale et précise de l'arthrose cervicale.

Diagnostic différentiel de l'arthrose cervicale

Le diagnostic différentiel de l'arthrose cervicale est une étape cruciale dans le processus diagnostique. En effet, de nombreuses pathologies peuvent présenter des symptômes similaires à ceux de l'arthrose cervicale, et il est essentiel de les exclure ou de les identifier pour assurer une prise en charge appropriée. Voici les principales conditions à considérer :

Hernie discale cervicale : Bien que souvent associée à l'arthrose, une hernie discale peut survenir indépendamment et provoquer des douleurs cervicales et radiculaires similaires. L'IRM est généralement nécessaire pour distinguer une hernie discale pure d'une arthrose avec protrusion discale.

Spondylolisthésis cervical : Cette condition, caractérisée par un glissement vertébral, peut causer des douleurs et une instabilité cervicale. Les radiographies dynamiques sont particulièrement utiles pour son diagnostic.

Myélopathie cervicale spondylotique : Cette complication grave de l'arthrose cervicale avancée nécessite une attention particulière. Les symptômes peuvent inclure des troubles de la marche, une maladresse des mains et des troubles sphinctériens.

Fibromyalgie : Cette affection peut provoquer des douleurs diffuses, y compris dans la région cervicale. L'absence de signes radiologiques spécifiques et la présence de points douloureux caractéristiques aident à la différencier de l'arthrose cervicale.

Polyarthrite rhumatoïde : Dans ses formes débutantes, elle peut affecter les articulations cervicales. Les examens biologiques (facteur rhumatoïde, anticorps anti-CCP) et l'imagerie peuvent aider à la distinguer de l'arthrose.

Tumeurs spinales : Bien que rares, les tumeurs de la colonne cervicale peuvent mimer les symptômes de l'arthrose. L'IRM est essentielle pour leur détection.

Infections : Les spondylodiscites infectieuses peuvent causer des douleurs cervicales aiguës. Les examens biologiques (CRP, VS) et l'imagerie sont cruciaux pour leur diagnostic.

Traumatismes : Les séquelles de traumatismes cervicaux, comme le coup du lapin, peuvent être confondues avec une arthrose débutante. L'anamnèse et l'imagerie aident à les différencier.

Il est important de noter que ces conditions peuvent coexister avec l'arthrose cervicale, compliquant ainsi le tableau clinique. Une approche diagnostique systématique et exhaustive est donc nécessaire pour assurer une prise en charge optimale du patient.

Échelles d'évaluation fonctionnelle

Les échelles d'évaluation fonctionnelle jouent un rôle crucial dans le diagnostic et le suivi de l'arthrose cervicale. Elles permettent de quantifier l'impact de la pathologie sur la qualité de vie du patient, d'évaluer l'efficacité des traitements et de suivre l'évolution de la condition au fil du temps. Plusieurs échelles validées sont couramment utilisées en pratique clinique.

Indice de lequesne cervical

L'indice de Lequesne, initialement développé pour l'arthrose des membres inférieurs, a été adapté pour l'évaluation de l'arthrose cervicale. Cette échelle évalue :

  • La douleur ou la gêne
  • La durée maximale de maintien d'une position
  • Le périmètre de marche
  • Les difficultés dans la vie quotidienne

Le score total v

a de 0 (pas de handicap) à 24 (handicap maximal). Il permet d'évaluer l'évolution de la gêne fonctionnelle liée à l'arthrose cervicale et de guider les décisions thérapeutiques.

Score NDI (neck disability index)

Le Neck Disability Index (NDI) est l'une des échelles les plus utilisées pour évaluer l'impact fonctionnel de l'arthrose cervicale. Ce questionnaire auto-administré comprend 10 sections, chacune notée de 0 à 5 :

  • Intensité de la douleur
  • Soins personnels (se laver, s'habiller, etc.)
  • Soulever des objets
  • Lecture
  • Maux de tête
  • Concentration
  • Travail
  • Conduite automobile
  • Sommeil
  • Loisirs

Le score total va de 0 (aucune incapacité) à 50 (incapacité complète). Le NDI est particulièrement utile pour suivre l'évolution des patients au fil du temps et évaluer l'efficacité des interventions thérapeutiques.

Échelle visuelle analogique de la douleur

L'Échelle Visuelle Analogique (EVA) est un outil simple mais efficace pour quantifier l'intensité de la douleur ressentie par le patient. Elle se présente sous la forme d'une ligne de 10 cm, où :

  • 0 représente l'absence de douleur
  • 10 représente la douleur maximale imaginable

Le patient indique sur cette ligne l'intensité de sa douleur. L'EVA permet de suivre l'évolution de la douleur au cours du temps et d'évaluer l'efficacité des traitements antalgiques. Elle est particulièrement utile dans le contexte de l'arthrose cervicale, où la douleur est souvent le symptôme principal.

L'utilisation combinée de ces échelles d'évaluation fonctionnelle permet une appréciation globale et objective de l'impact de l'arthrose cervicale sur la qualité de vie du patient, guidant ainsi les décisions thérapeutiques de manière plus précise et personnalisée.

Approche multidisciplinaire du diagnostic

Le diagnostic efficace de l'arthrose cervicale nécessite souvent une approche multidisciplinaire, impliquant plusieurs spécialités médicales et paramédicales. Cette collaboration permet une évaluation complète et une prise en charge optimale du patient.

Le médecin généraliste joue un rôle central dans le dépistage initial et l'orientation du patient. Il est souvent le premier point de contact et peut initier les examens de base avant d'orienter vers des spécialistes si nécessaire.

Le rhumatologue est généralement le spécialiste de référence pour le diagnostic et la prise en charge de l'arthrose cervicale. Il interprète les examens d'imagerie, prescrit les tests complémentaires et coordonne le plan de traitement.

Le radiologue joue un rôle crucial dans la réalisation et l'interprétation des examens d'imagerie. Son expertise est essentielle pour identifier les signes radiologiques de l'arthrose cervicale et détecter d'éventuelles complications.

Le neurologue peut être sollicité en cas de symptômes neurologiques associés, comme des radiculopathies ou une myélopathie cervicale. Il réalise les examens neurophysiologiques et aide à évaluer l'impact neurologique de l'arthrose.

Le chirurgien orthopédiste ou neurochirurgien intervient dans l'évaluation des cas nécessitant potentiellement une intervention chirurgicale. Leur expertise est précieuse pour déterminer la nécessité et la faisabilité d'une chirurgie.

Le kinésithérapeute participe à l'évaluation fonctionnelle du patient. Il peut réaliser des tests de mobilité et de force musculaire, complétant ainsi l'évaluation clinique.

L'ergothérapeute peut intervenir pour évaluer l'impact de l'arthrose cervicale sur les activités quotidiennes et professionnelles du patient, proposant des adaptations si nécessaire.

Cette approche multidisciplinaire permet une évaluation globale du patient, prenant en compte non seulement les aspects médicaux, mais aussi fonctionnels et psychosociaux de l'arthrose cervicale.

La communication entre ces différents professionnels est essentielle pour établir un diagnostic précis et élaborer un plan de traitement personnalisé. Des réunions de concertation pluridisciplinaire peuvent être organisées pour les cas complexes, permettant une discussion collégiale et une prise de décision concertée.

En conclusion, le diagnostic efficace de l'arthrose cervicale repose sur une combinaison d'évaluations cliniques, d'examens d'imagerie, de tests neurologiques et d'échelles fonctionnelles. L'approche multidisciplinaire permet une compréhension complète de la condition du patient, facilitant ainsi une prise en charge optimale et personnalisée. Cette démarche diagnostique exhaustive est cruciale pour orienter le traitement de manière appropriée et améliorer la qualité de vie des patients atteints d'arthrose cervicale.